Avis à lire par tous les lecteurs:

Les premiers articles du blog "Un médecin du sport vous informe" datent de 2013, mais la plupart sont mis à jour pour pouvoir coller aux progrè médicaux. Ce blog inter-actif répond à la demande de nombreux confrères, kinésithérapeutes, étudiants en médecine et en STAPS, patients et sportifs. Il est le reflet de connaissances acquises tout le long de ma vie professionnelle, auprès d'enseignants remarquables, connaissances sans cesse actualisées que je me suis efforcé de rendre accessibles au plus grand nombre par le biais d’images trouvées sur le Net, images qui sont devenues par la force des choses, la propriété intellectuelle de tous; si cela dérange, ces images seront retirées.

Certains articles peuvent apparaître un peu plus polémiques que d'autres et indisposer, mais il n'est pas question pour l'auteur de tergiverser ou de se taire, quand il s'agit de problèmes d'éthique, en particulier en matière de dopage et quand la santé des sportifs est en jeu, compte tenu du nombre élevé de blessures liées au surentraînement et à une pratique imbécile d'une certaine musculation, qui n'est plus au service de la vitesse et de la force explosive utile (et non de la force maximale brute), qui sont les deux qualités physiques reines, qui ne respecte pas les règles de la physiologie musculaire et qui, au lieu d'optimiser la performance, fait ressembler certains sportifs body-buildés à l'extrême, davantage à des bêtes de foire gavées aux anabolisants, qu’à des athlètes de haut niveau.

Ce blog majoritairement consacré à la traumatologie sportive, est dédié à mes maîtres les Prs Jacques Rodineau, Gérard Saillant et à tous les enseignants du DU de traumatologie du sport de Paris VI Pitié Salpétrière et en particulier aux docteurs Jean Baptiste Courroy, Mireille Peyre et Sylvie Besch. L'évaluation clinique y tient une grande place: "la clinique, rien que la clinique, mais toute la clinique" et s'il y a une chose à retenir de leur enseignement, c'est que dans l'établissement d'un diagnostic, l'examen clinique, qui vient à la suite d'un bon interrogatoire, reste l'élément incontournable de la démarche médicale. Toutefois dans le sport de haut niveau et guidé par la clinique, l'imagerie moderne est incontournable : radiographie conventionnelle, système EOS en trois dimensions pour les troubles de la statique rachidienne, échographie avec un appareillage moderne et des confrères bien formés, scanner incontournable dans tous les problèmes osseux et enfin IRM 3 Tesla, le Tesla étant l'unité de mesure qui définit le champ magnétique d'un aimant; plus le chiffre de Tesla est élevé et plus le champ magnétique est puissant ("à haut champ") et plus les détails des images sont fins et la qualité optimale.

Hommage aussi au Pr Robert Maigne et à son école de médecine manuelle de l'Hôtel Dieu de Paris ou j'ai fais mes classes et actuellement dirigée par son fils, le Dr Jean Yves Maigne. Je n'oublie pas non plus le GETM (groupe d'étude des thérapeutiques manuelles) fondé par le Dr Eric de Winter et ses enseignants, tous des passionnés; j'y ai peaufiné mes techniques et enseigné la médecine manuelle-ostéopathie pendant 10 années.

Dr Louis Pallure, médecin des hôpitaux, spécialiste en Médecine Physique et Réadaptation, médecin de médecine et traumatologie du sport et de médecine manuelle-ostéopathie, Pr de sport et musculation DE, ex médecin Athlé 66, comité départemental 66, ligue Occitanie et Fédération Française d’Athlétisme, médecin Etoile Oignies Athlétisme.

lundi 10 octobre 2016

Claquages des muscles des faces antérieures (Droit fémoral) et internes (Adducteurs) de cuisse

Après les claquages des muscles IJ de la face postérieure de la cuisse qui arrivent en tête, ceux des muscles Adducteurs (face interne) et du Droit fémoral du Quadriceps (face antérieure) arrivent en deuxième et troisième position chez les sportifs. La forte propension des muscles de la cuisse à se blesser, soulignons le d'emblée, est liée à l'adaptation phylogénétique (syndrome de Lucy) à la station bipède de la musculature sous pelvienne qui s'est faite en deux temps: d'abord bipède intermittente avec une forte action antigravitaire des muscles de la cuisse, puis permanente. Pour les Adducteurs par exemple, cette évolution en deux temps leur a fait perdre leur action adductrice, si bien que dans la vie sportive comme par exemple en football où fortement sollicités en adduction, ils sont particulièrement exposés. Quelle que soit la localisation des claquages, la démarche diagnostique clinique: stades de gravité basés sur la douleur à l'EVA, l'impotence fonctionnelle plus ou moins prononcée à la marche, l'imagerie: échographie et IRM, les complications (récidives sur cicatrice fibreuse, myosite ossifiante, pseudo-kyste musculaire), la prise en charge thérapeutique (protocole Rice ou GREC, rééducation) et la prévention, sont identiques. Enfin un muscle de cuisse a de grandes chances de casser quand il présente des déséquilibres musculaires IJ/Q en isocinétisme ou Adducteurs/Abdominaux et ou des localisations dystrophiques du syndrome céllulo-téno-péristo-myalgique (SCTPM) de Maigne en relation avec une dysfonction segmentaire au niveau d'un joint inter-vertébral (L3/L4 pour le droit fémoral) et de la charnière thoraco-lombaire (L1/L2, pour les muscles adducteurs) et L4/L5 ou L5/S1, pour les muscles ischio-jambiers). La plupart du temps ces dysfonctions sont d'origines discales. Dysfonctions vertébrales et SCTPM il va falloir les dépister, les traiter et les surveiller, si l'on veut éviter des claquages itératifs (confer les deux autres articles du blog: blessures et performance sportive et bases médicales des blessures tendino-périostées et musculaires en athlétisme+++).
Rappel de la classification des accidents musculaires intrinsèques, leurs complications, autres problèmes musculaires (courbatures ou Doms, contractures, crampes)
De tous les termes utilisés pour désigner les accidents musculaires intrinsèques, le claquage est celui qui est le mieux compris des sportifs qui l'ont eux même inventé et qui correspond à un traumatisme survenant sur un groupe musculaire mis en tension trop brutalement, s'accompagnant le plus souvent d'un claquement caractéristique à la manière d'un coup de fouet qui l'empêche de poursuivre son effort et parfois d'une douleur syncopale.
A/ Classification INSEP d'Andrivet qui reste la plus compréhensible pour une majorité de sportifs et de non sportifs. 
1- l’élongation
Elle correspond sur le plan histologique à la déchirure de quelques fibres musculaires. Sur le plan clinique, la douleur est soudaine mais limitée, l'EVA est inférieur à 6 (entre 3 et 4 en moyenne). L’impotence fonctionnelle est relative avec possibilité pour le sportif de poursuivre son match de football ou de rugby (ce qui n’est jamais une bonne chose et source d’aggravation et le médecin de terrain doit s'y opposer). Le diagnostic échographique est difficile et nécessite un opérateur entraîné. Le repos est la thérapeutique essentielle. Il est d’au moins quinze jours et idéalement de trois semaines, avec l’appoint de la kinésithérapie après glaçage initial qui réduit considérablement la lésion.
2- le claquage ou la déchirure
Il correspond sur le plan anatomique à la lésion d’un ou plusieurs faisceaux musculaires. Sur le plan clinique, le claquage est parfois audible, il s’accompagne d’une douleur fulgurante qui s’étend rapidement à la totalité du groupe musculaire lors de l’évaluation clinique avec apparition rapide d’un œdème et constitution d’un hématome. L' EVA est comprise entre 4 et 7. L'impotence fonctionnelle est variable et corrélée à l'intensité de la douleur. L’échographie montre des zones hypo ou hyper échogènes et peut guider une possible ponction. Le repos est également ici le traitement essentiel. Il peut aller de quatre à huit semaines en fonction de l’étendue de la lésion.
3- les ruptures ou les désinsertions musculaires
Sur le plan clinique c’est un accident grave et spectaculaire qui survient en plein effort. Le sportif paraît foudroyé et chute; la douleur est syncopale EVA à 10 et plus et l’impotence fonctionnelle totale. Dans l’immédiat, l’encoche musculaire est palpable cliniquement, l’œdème survient rapidement. Le mouvement actif est quasi-impossible, le mouvement passif est hyperalgique, mais il est déconseillé de les rechercher. L’échographie objective les dégâts. Sur le plan thérapeutique, le repos varie de 70 à 90 jours. Certaines lésions peuvent relever de la chirurgie.
B/ Classification des accidents musculaires de la Pitié Salpétrière (Rodineau et Durey) en 5 stades à la phase aigue:
Stade 0 : atteinte réversible des fibres musculaires, douleur modérée, contracture musculaire diminution de la force, récupération en quelques heures, indécelable à l'échographie.
Stade 1: atteinte irréversible de quelques fibres musculaires, mais respect du tissu de soutien conjonctif, douleur, contracture musculaire, diminution de force sont plus intenses que le stade 0, régénération des fibres musculaires et récupération en quelques jours; lésions non décelable à l'échographie, remaniements oedémateux à l'IRM.
Stade 2: désinsertion irréversible d'un contingent réduit de fibres musculaires et atteinte modérée du tissu de soutien; pas d'hématome; douleur vive lors de la pratique sportive n'obligeant pas à l'arrêt; retentissement fonctionnel variable. Evolution : rapidement favorable cicatrisation en 10 à 15 j. Reprise du sport : fondée sur les tests cliniques, pas de douleur à la contraction contre résistance et à l'étirement.
Stade 3: désinsertion irréversible d'un contingent étendu de fibres musculaires et atteinte sévére du tissu de soutien, hématome intra-musculaire localisé, douleur vive lors de la pratique sportive, obligeant à l'arrêt, retentissement fonctionnel sévère. Evolution : longue 4 à 12 semaines. Reprise du sport fondée sur les tests cliniques: pas de douleur à la contraction contre résistance et à l'étirement.
Stade 4: rupture-désinsertion partielle ou complète du muscle avec atteinte sévère du tissu de soutien conjonctif, hématome volumineux, douleur vive lors de la pratique sportive, obligeant à l'arrêt, retentissement fonctionnel sévère avec impotence totale, Evolution : parfois rapidement favorable, le moignon musculaire rétracté n'est pas soumis à des phénomènes de traction et vient s'accoler aux structures musculaires avoisinantes.
C/ Equivalences entre classification d'Andrivet et de Rodineau
contracture : stade 0
élongation : stade 1 
claquage ou déchirure: stade 2 ou 3
rupture: stade 4
D/ Classification  de Guillodo qui a ma préférence+++++
Cette classification distingue les accidents musculaires sévères pour lesquels une reprise sportive peut être espérée entre le 50 ème et le 60 ème jour (52 jours pour Guillodo) et ceux peu sévères dont la reprise sur le terrain est inférieure ou égale à 3 semaines. Les critères de gravité sont basés sur le retentissement algo-fonctionnel: 
- intensité de la douleur : grave quand > 6 à l'EVA (échelle visuelle analogique de la douleur qui va de 1 à 10).
impotence fonctionnelle avec son retentissement dans la vie de tous les jours et donc sur la marche : grave quand les douleurs et l'impotence persistent au delà du 3ème jour.
- présence d'un craquement ou claquement audible par le blessé et parfois à distance par l'entourage.
- apparition d'une ecchymose retardée.
- à l'examen physique : asymétrie avec angle d'au moins 15° à l'étirement du groupe musculaire lésé.
L'échographie est l'examen roi (avec la sonde d'échographie, on peut comprimer l'hématome et ainsi bien le repérer pour évacuation à l'aiguille) et non pas l'IRM.
A faire en post traumatique immédiat+++: glace, compression, béquillage. Inutilité d'injecter des PRP.
E/ Complications des lésions musculaires intrinsèques
Ces différentes lésions musculaires peuvent se compliquer: 
- la récidive est fréquente surtout si la prise en charge initiale est inadaptée et si la reprise des activités sportives trop précoce. 
- l’hématome compressif va nécessiter une évacuation à l’aiguille sous échographie, voire chirurgicale si nécessaire. 
- la myosite ossifiante est favorisée par des massages locaux intempestifs. 
- la thrombophlébite doit toujours être redoutée; elle est favorisée par un mauvais état circulatoire et par un hématome compressif. 
F/ Autres problèmes musculaires chez les sportifs: courbatures, contractures, crampes
1- Les courbatures ou Doms (voir l'article spécifique consacré aux Doms)
Elles correspondent chez un sportif à des douleurs sur un muscle ou un groupe musculaire survenant  le lendemain d’un effort musculaire inhabituel. Elles  régressant au repos.
Traitement : étirements. Prévention +++ (entraînement de type excentrique+++).
2- Les contractures
Elles correspondent à une courbature exagérée qui met en tension involontairement un groupe musculaire. Elles sont peu douloureuses et d'apparition lente avec l’effort. Elles cèdent au repos et reprennent à l'effort. A l'examen : diminution du ballottement du muscle.
Traitement : repos 2 à 3 jours;  préventif surtout du dysentraînement.
3- Les crampes
Ce sont des contractions musculaires involontaires, invincible et excessivement douloureuses de quelques secondes à quelques minutes. Elles touchent soit un chef musculaire, soit un groupe de muscles ( mollet, cuisse: Q, IJ, Add, plante du pied.
Les causes chez les sportifs: perte de sel, de potassium. Elles sont favorisées par un défaut d'entraînement, le froid, une mauvaise gestuelle technique, un chauffage inadapté; en été par un défaut d'hydratation, une chaleur excessive.
Traitement: étirement du muscle; préventif des facteurs favorisants+++.
Anatomie des muscles des faces antérieure et interne de la cuisse




Muscles des faces antérieures et internes de la cuisse


Droit fémoral et Adducteurs sont des muscles striés, le droit fémoral est un muscle bi-pénné, tandis que les muscles Adducteurs sont à la fois pennés et fusiformes. Ces muscles sont constitués de fibres musculaires regroupées en faisceaux, chaque élément, du plus petit au plus grand, est entouré d'une gaine de tissu conjonctif de soutien (épi, péri et endomysium) contenant vaisseaux (saignement avec constitution d'un hématome en cas de lésion) et nerfs (qui conduisent la douleur).

les différentes enveloppes fibreuses musculaires


Anatomo-pathologie des claquages
L’aponévrose musculaire est une structure fibreuse entourant ou pénétrant le muscle et lui servant de squelette. Les faisceaux musculaires, avec leur structure de soutien (épimysium et périmysium), viennent s’insérer fermement sur les différentes aponévroses qui se terminent par le tendon d'insertion. Les fascias et les septas sont la réunion de plusieurs aponévroses qui délimitent et font adhérer plusieurs muscles. La plupart des accidents musculaires sont des lésions de désinsertion myo-aponévrotiques, par étirement brutal.



Ces désinsertions se produisent quasiment toujours au niveau de la jonction myo-aponévrotique entre muscle et aponévrose. En fonction, de la localisation centrale ou périphérique de l’aponévrose concernée par la désinsertion, on parlera de désinsertion centrale ou périphérique.
Cette désinsertion musculaire entraîne une hémorragie qui va se localiser en périphérie autour du fascia périphérique du muscle. Dans certaines formes sévères, elle se collecte dans la zone de rétraction du muscle.
Diagnostic d'un claquage de cuisse
Le diagnostic d'un claquage de cuisse est cliniquement facile, mais ce qui compte c'est avant tout son degré de gravité, basé sur l'intensité de la douleur et la répercussion fonctionnelle sur la marche (se rapporter à l'article consacré aux claquages des ischio-jambiers). 
Diagnostic différentiel avec une élongation
Il ne faut surtout pas confondre claquage et élongation qui est un étirement passif au delà de sa limite physiologique sans désorganisation anatomique du muscle. Dans une élongation, le muscle est douloureux à l’effort, à la palpation et à la contraction (triade clinique). Au repos, cette douleur va quasiment disparaître et son évolution sera rapidement favorable après 1 semaine tout au plus de repos complet. La reprise progressive de la compétition se fera en 1 à 2 semaines.
Imagerie
Les lésions musculo-aponévrotiques de cuisse se présentant sous la forme de multiples zones de micro-désinsertions des fibres au niveau de leur attache sur cette lame centrale, sont parfois difficiles à apprécier en échographie à cause de l'absence de solution de continuité nette et de l’anisotropie (contraire d'isotropie, l'anisotropie est la propriété d'être dépendant de la direction. Quelque chose d'anisotrope pourra présenter différentes caractéristiques selon son orientation qui rendront alors l’analyse échographique difficile. L’IRM, plus sensible dans la détection des œdèmes est l'imagerie de choix qui va permette à tout coup de confirmer le diagnostic de gravité (qui reste avant tout clinique et basé sur l'intensité de la douleur à l'EVA et l'impotence fonctionnelle immédiate).




Les lésions du  muscle droit fémoral
Anatomie 
Sur le quadriceps, le droit fémoral (droit antérieur) est central et superficiel et repose sur le vaste intermédiaire en profondeur; il est bordé à l’intérieur par le muscle vaste médial et à l'extérieur par le muscle vaste latéral. 
Son insertion supérieure se fait par un tendon direct (le plus important) sur l’épine ilaque antéro-inférieure; il présente aussi un tendon réfléchi et un tendon récurrent :
- le tendon réfléchi s’insère sur la gouttière sus-cotyloidienne.
- le tendon récurrent est une expansion fibreuse qui se détache du bord externe du tendon direct et s’étale à la face antérieure de la capsule pour aller renforcer le faisceau supérieur du ligament ilio- fémoral et se fusionner plus en dehors sur le bord antérieur du grand trochanter.
Le trajet du muscle droit fémoral est vertical et se termine sur la face supérieure et centrale de la rotule (patella).



Action du muscle Quadriceps sur la propulsion
Les contractions volontaires du Quadriceps sont en rapport avec le type d'activité pratiquée. Le risque de déséquilibre antéro-postérieur Q/IJ et les pathologies qui en résultent sont donc fonction de l'importance des stimulations musculaires et de l'intérêt que le sujet porte à maintenir cet équilibre.
Le quadriceps est particulièrement stimulé lors de la pratique des exercices d'extension de la jambe sur la cuisse et de flexions en charge. Il participe avec les IJ et les adducteurs au maintien de la gravité, mais c'est surtout un muscle phasique à la fois fléchisseur de hanche genou tendu et extenseur du genou.
Anatomo- pathologie des lésions musculaires du droit fémoral
Comme pour les IJ, les lésions musculaires du droit fémoral siègent à la périphérie myo-tendineuse, plus en distal qu'en proximal, mais aussi sous la forme de désinsertion proximale du tendon direct. 
Le droit fémoral sous l’effet d’une contraction brusque peut être aussi le siège d’une déchirure particulière, interstitielle ou centrale, (il présente une volumineuse lame aponévrotique centrale qui peut se désinsérer). 
Mécanisme lésionnel
Le mécanisme lésionnel par étirement le plus typique est le shoot dans le vide (qui peut être responsable aussi d'une lésion isolée du LCA du genou), mais aussi lors d’une contraction aigüe du quadriceps pendant un effort de vitesse ou de saut



Clinique
Classiquement : douleur brutale +/- claquement audible, impotence fonctionnelle immédiate; discontinuité musculaire􏰀 en frais; écchymose retardée qui fuse vers le genou; à la palpation: douleur vive, exquise, étendue; ballotement musculaire diminué.
Mais ce qui compte c'est le degré de gravité du claquage, basé sur l'intensité de la douleur > 6 sur l'échelle EVA de la douleur et la répercussion fonctionnelle immédiate sur la marche. 
Au testing: contractions isométriques douloureuses dans les 3 courses, douleurs à l'étirement.


Imagerie
Echographie, IRM
Traitement 
En frais: protocole Grec ou Rice;  intérêt du système Game Ready+++.
Kinésithérapie excentrique adaptée à la gravité du claquage.
Les temps de repos sportifs: de 3 à 8 semaines; reprise sportive toujours progressive de 6 à 12 semaines. Prévention anti-thrombotique fonction de l'impotence fonctionnelle. La recherche d'une épine irritative d'origine vertébrale lombaire L3/L4 doit être systématique.
Lésions des muscles Adducteurs
Phylogenèse
Au cours de l'évolution de notre espèce, la physiologie des Adducteurs s'est également considérablement modifiée. D'une obliquité externe du fémur, à l'origine du varus du genou conférant à ces muscles un rôle antigravitaire important et une très grande force d'adduction chez les primates,  on est passé à un valgus physiologique du genou chez les bipèdes qui a modifié totalement la biomécanique de cette région. La contraction des adducteurs engendrant une force pratiquement verticale avec une composante horizontale (adductrice) très faible. Cette particularité biomécanique des Adducteurs de l'Homme moderne, explique la grande fragilité de ces muscles et leurs difficultés physiologiques à gérer les contraintes en adduction imposées par l'activité sportive. La pubalgie basse et les accidents musculaires des Adducteurs sont le reflet de cette incapacité à résister aux tractions verticales engendrées par la phylogenèse.
Anatomie 
Les muscles adducteurs constituent les principaux éléments de la loge interne de la cuisse. Ils sont au nombre de cinq : gracile ou droit interne, petit, moyen, grand adducteur et pectiné. Ils ont outre un rôle d’adducteur faible, un rôle de rotateur et même de fléchisseurs.  
On les classe en fonction de leur profondeur. D'arrière en avant se trouvent respectivement le grand adducteur, le petit adducteur, le pectiné, le droit interne et le moyen adducteur. Pour Reboul ils se répartissent en deux « rideaux »  :
Le 1er rideau, le plus superficiel, est le muscle gracile (droit interne). Il est aussi fléchisseur de jambe. Il s’insère sur la face antéro-inférieure de la surface angulaire du pubis. Il se termine par un long tendon sur la face interne du tibia où il constitue l’un des trois éléments de la patte d’oie.
Le 2éme rideau, le plus puissant, comporte trois plans,  plan profond : le grand adducteur, plan moyen : le court adducteur,  plan superficiel : le long ou moyen adducteur et le pectiné.


Action
Ce sont des muscles mono articulaires qui n'interviennent que sur la mobilité de la hanche. Ils sont à la fois pennés (implantation oblique) et fusiformes (implantation parallèle au tendon) et leurs fonctions sur le mouvement est de courte ou longue action qui définie leurs limites. Ils sont à vocation excentrique dans la marche et statique au niveau du bassin et au total peu extensibles (il faudra les étirer en permanence par un entraînement adéquat). Les muscles Adducteurs, dits de courte action, sont habitués à travailler en freinage avec un raccourcissement et une extensibilité réduite comme le pectiné et le faisceau antérieur du court adducteur. Le faisceau postérieur du grand Adducteur par contre, est un muscle de longue action et présente des fibres fusiformes (parallèles aux fibres tendineuses), avec une facilité à se laisser distendre. Petit et Moyen Adducteur ont une origine fusiforme et une terminaison pennée. Le Gracile ou Droit interne a une insertion proximale pennée et distale fusiforme.
Neuro-physiologiquement
Les Adducteurs n'étant pas des muscles particulièrement corticalisés (càd très faiblement représentés dans le cortex cérébral moteur), leur fonctionnement est plus de type automatique que volontaire. Ils sont riches en fibres musculaires gamma sensibles à l'étirement lesquelles vont facilement se contracter en cas d'étirement brusque, surtout si ces adducteurs sont mal préparés par manque ou insuffisance d'étirements spécifiques à l'entraînement. Cette facilité à se contracter après étirement des Adducteurs est protectrice de la capsule de l'articulation de la hanche (elle aussi riche en mécano - récepteurs sensibles à l'étirement).
Mécanismes lésionnels
Les Adducteurs qui ont perdu au décours de la phylogenèse leur puissance adductrice, sont très sensibles aux brusques déplacements latéraux (football, rugby) et aux microtraumatismes engendrés par des appuis plantaires de mauvaise qualité lors des activités de course et de sauts. Ils sont soumis dans de nombreuses activités de souplesse (danse, gymnastique), à des étirements excessifs qui peuvent être mal tolérés. Faisceau inférieur du Grand adducteur ou Court adducteur sont les plus touchés.
Cliniquement
Les claquages des Adducteurs entraînent une douleur vive et une impotence immédiate. En frais, il est parfois possible même de palper la solution de continuité musculaire qui sera rapidement masquée par l’œdème et l’hématome. Puis une ecchymose plus tardive aura tendance à descendre vers le genou.
L’IRM précise au mieux les lésions difficiles à diagnostiquer et à traiter de l’interface musculo-tendineuse. Son intérêt est majeur dans les claquages importants, pour poser l’indication de l’évacuation par ponction ou chirurgie. On sait le problème et les délabrements musculaires qu’entraînerait l’ablation secondaire d’une calcification « en os de seiche » d’un volumineux hématome (Reboul).

Testing des muscles adducteurs:
- en décubitus latéral pour le testing unilatéral de leur force excentrique




- en décubitus dorsal pour le testing bilatéral de la force concentrique en course intermédiaire.



Traitement
En post traumatique immédiat le traitement est en tout point similaire à celui des IJ, et repose sur le protocole Grec ou Rice suivi d'une kinésithérapie excentrique adaptée à la gravité du claquage. Grand intérêt du système Game Ready+++.
Les temps de repos sportifs sont variables et vont de 3 à 8 semaines, la reprise sportive toujours progressive allant de 6 à 12 semaines. Une prévention anti-thrombotique sera discutée en fonction de l'impotence fonctionnelle. La recherche d'une épine irritative d'origine vertébrale lombaire L1/L2 ou L2/L3 doit être systématique.
Le système Game Ready glace et comprime à la fois la lésion musculaire
Pathologies, protocoles et bénéfices du système Game Ready
1 - Hématome (béquille)
20 mn et 25-50 Hg

2 - Lésion musculaire intrinsèque
20 mn et 50 Hg
3 - Entorse genou LLI
20 mn et 50 Hg
4 - Tendinopathie rotulienne
20 mn et 25 Hg
5 - Contracture/ élongation
15 mn et 50 Hg
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Prévention
Dans une majorité d'accidents musculaires de cuisse en rapport avec des actions spécifiques de sprints, sauts, accélérations, changements de direction, on retrouve des déséquilibres musculaires entre les différents groupes musculaires. Ces déséquilibres musculaires que l'on peut quantifier en isocinétisme peuvent être prévenus par des programmes de musculation spécifique destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus faibles, le renforcement musculaire de type excentrique devant intervenir toujours après une phase d'étirements des structures musculaires. 
Enfin nous ne le répéterons jamais assez, tout au long de nos quarante cinq années de pratique de la médecine sportive, nous avons constamment retrouvés chez les sportifs claqués, des troubles tissulaires du SCTPM en rapport avec une dysfonction vertébrale lombaire, comme indiqué en début d'article, qu'il faut traiter en même temps que la lésion musculaire (comme le fait si bien le Dr Müller-Wolfhart, médecin du Bayern de Münich et de la Mannschaft et des plus grands sprinters de la planète) et surveiller afin d'éviter les récidives.

mercredi 5 octobre 2016

Les courbatures musculaires (Doms), la cryothérapie corps entier

Les courbatures musculaires (Doms)
Les courbatures ou DOMS (Delayed onset muscle sorenesssont des douleurs musculaires qui apparaissent progressivement 12 à 48 heures après un exercice physique. Elles sont la conséquence d’un travail musculaire excentrique que seul un travail excentrique progressif peut faire disparaître.
Généralités
Lors du travail en mode excentrique (en freination), l’activation du muscle entraîne une résistance à son propre étirement. Par exemple, à la réception d’un saut, le quadriceps se contracte sur un mode excentrique pour freiner la flexion du genou et résister à l’écrasement au sol.
Ce mode d’action excentrique présente des caractéristiques biomécaniques et métaboliques différentes de celles que l’on retrouve dans les muscles fonctionnant sur en mode concentrique ou isométrique (statique). Lors d’une contraction excentrique, donc frénatrice, le muscle activé résiste à une force externe supérieure à la force développée par les unités motrices engagées. Lorsque toutes les unités motrices sont recrutées, la force maximale ainsi développée est très supérieure à celle obtenue lors de contractions maximales isométriques ou concentriques réalisées à la même vitesse angulaire. Cela est lié en partie au gain de force associé du à la résistance à l’étirement des composantes élastiques. De plus, le coût énergétique est plus faible qu’en concentrique .
Le travail musculaire en excentrique présente des avantages biomécaniques, bioénergétiques et thérapeutiques évidents par rapport à celui exécuté en mode concentrique (Cheung et al. ), mais pratiqué de façon intense ou inhabituelle, il conduit à des micro-lésions musculaires et à des altérations structurelles et fonctionnelles pendant plusieurs jours et jusqu'à plusieurs semaines. La résorption de ces micro-lésions musculaires s’accompagne d’un processus inflammatoire qui entraîne en général des douleurs diffuses et retardées que l’on appelle dans le langage commun des «courbatures» et qui correspondent à des DOMS.
Clinique
Interrogatoire 
Les douleurs débutent de 12 à 48 heures après une activité sportive à composante excentrique importante ou inhabituelle. Elles surviennent par exemple lors de la reprise d’une activité sportive et évoluent sur plusieurs jours. La réalisation d’un effort inhabituel est donc un facteur déclenchant, même pour un sujet sportif. Ces douleurs vont s’atténuer avec la répétition de cet entraînement ou de cette activité sportive. A l’interrogatoire, il n' y a pas de notion de douleur brutale contemporaine de l’effort qui orienterait alors vers un accident musculaire de type élongation ou claquage. 
Examen 
Les douleurs siègent préférentiellement sur les quadriceps,  les ischio-jambiers et les triceps suraux et plus spécialement au niveau des jonctions myo-tendineuses. Elles peuvent toucher les membres supérieurs en cas de travail spécifique de ces derniers. 
A l’examen clinique, la palpation du muscle est douloureuse d’une façon diffuse avec parfois des points douloureux précis. On constate aussi un déficit de force et une diminution des amplitudes articulaires; la mise en étirement du muscle et les tests isométriques en contraction résistée sont globalement douloureux, sans points douloureux précis. 
Examens complémentaires 
Les examens complémentaires, en dehors de la biologie sont rarement demandés. 
Sur le plan biologique, on retrouve de façon retardée une élévation sanguine des enzymes musculaires tels que la créatine kinase (CK) ou la lacto-déshydrogénase (LDH) et des métabolites de la dégradation conjonctive (en particulier, hydroxy-proline et hydroxy-lysine). 
L’échographie ou l’IRM ne sont intéressants que pour la recherche de diagnostics différentiels (par exemple une lésion traumatique intrinsèque dont l'anamnèse (mode de survenue) est pourtant complètement différente. En cas de DOMS, l'imagerie met en évidence l’aspect œdématié du muscle. 
Des études IRM ont permis d’objectiver que les modifications intramusculaires persistent après les manifestations cliniques: augmentation de signal entre le troisième et le sixième jour et augmentation de volume jusqu’à trois semaines). Ces modifications confirment le fait qu’il existe un décalage dans le temps entre la disparition des DOMS et le retour à l’intégrité fonctionnelle du muscle, et pendant cette période le muscle est vulnérable.
Diagnostic différentiel
Douleurs post-effort et acide lactique 
L’acide lactique (acidité) peut expliquer en partie les douleurs au décours d’un effort intense, mais pas celles qui apparaissent après plusieurs heures, les taux d’acide lactique se normalisant une heure environ après l’effort. D'autre part, la production d’acide lactique est plus importante en concentrique qu’en excentrique, les DOMS n'apparaissant spécifiquement qu'après un travail excentrique. L’élimination de l’acide lactique demande 20 minutes en récupération active et aux alentours de deux heures en passif et se termine bien avant l’apparition des DOMS qui surviennent de 12 à 48 heures après l’exercice. 
L’acidose est donc responsable de douleurs musculaires qui apparaissent immédiatement à la fin de l’effort, mais en aucun cas elle ne peut entraîner de douleurs dans les jours qui suivent cet effort. 
Physiopathologie 
Micro-lésions des tissus conjonctif et musculaire 
L’analyse de muscles ayant été soumis à un travail excentrique intense a mis en évidence au niveau ultra-structural des micro-lésions prolongées mais réversibles d’un petit nombre de myocytes. La principale cause des DOMS semble donc être l’inflammation. A la suite de la phase initiale de lésion, Armstrong différencie trois phases, «autogénique», «phagocytaire» et «de régénération», dans le processus inflammatoire qui suit un travail excentrique, et ce sont donc ces douleurs qui accompagnent l’inflammation que l’on appelle les DOMS . 
La récupération fonctionnelle à la suite d’un exercice intense comportant des phases de travail excentrique s’effectue de façon biphasique, avec  diminution immédiate de la proprioception et de la force musculaire, suivies d’une récupération partielle ou totale dans les heures qui suivent l’exercice, avant de nouvelles baisses qui persistent sur plusieurs jours. Durant la seconde phase de la récupération, on peut mettre en évidence une diminution des possibilités d’étirement du muscle, une baisse de la force et une altération des qualités proprioceptives. Ces déficits persistent en général pendant 5 à 8 jours, c’est-à-dire nettement plus longtemps que les douleurs, et cette période est donc propice aux blessures. 
Traitement 
Actuellement, même si de nombreux traitements sont utilisés (cryothérapie, étirements, anti-inflammatoires, ultrasons et techniques de physiothérapie, homéopathie, massages, compression et oxygénothérapie hyperbare), aucun n’a fait la preuve de son efficacité. Seul le travail excentrique introduit progressivement est capable de faire disparaître les DOMS.
Prévention  
S’il est bien établi qu’un exercice excentrique important peut conduire à des DOMS, le muscle s’adapte ensuite rapidement à ce premier exercice et dès le deuxième exercice excentrique il y a nette atténuation de la symptomatologie, avec moins de douleurs, de baisse de force et de réduction des amplitudes articulaires. C’est l’effet dit de répétition . 
Si les effets du travail musculaire excentrique sont douloureux les premières fois, ils ne présentent toutefois aucun caractère de gravité et ne doivent pas remettre en cause l’intérêt du travail excentrique dans le renforcement musculaire ou le traitement des tendinopathies. Par ailleurs, le fait d’entraîner le muscle à ce type de sollicitation a pour effet de diminuer voire de faire disparaître l’apparition de ces DOMS.
Conclusion
Les douleurs musculaires du sportif se présentent sous trois formes :
- soit il existe un début brutal qui en général signe une lésion musculaire intrinsèque (accident musculaire de gravité variable) dont le traitement repose sur de la rééducation.
soit elles surviennent en fin d'effort et sont en rapport avec de l'acidose qui disparaît en deux heures
- soit elles surviennent 12h à 48H après l’effort et ce sont des DOMS.
 La Cryothérapie Corps Entier 
"Elle consiste à provoquer un choc thermique à l’intérieur d’une chambre froide en soumettant le corps à une température de - 110°C (jusqu’à - 160° dans certains cas). L’exposition dure en moyenne trois minutes, après être passé dans des sas à -10°C puis - 60°C. Largement utilisée Outre-Rhin et dans les pays de l'Est depuis plusieurs années, cette technique tend de plus en plus à se développer au sein du milieu sportif français Depuis début janvier 2009, le département médical de l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance (INSEP) s'est doté d'une chambre de Cryothérapie Corps Entier. Dans un premier temps réservé aux sportifs de l'INSEP, le traitement est depuis 2010 accessible aux personnes extérieures. « Le résultat est assez impressionnant. Les sportifs récupèrent beaucoup plus rapidement comparativement à une immersion dans l'eau », soulignait Jean-Robert Filliard, adjoint au chef du département médical de l'Institut."

cryothérapie
Des effets multiples 
La modification du flux sanguin (vasoconstriction puis vasodilatation) suite au choc thermique accélère le processus de drainage des tissus et permet une meilleure élimination des toxines. La CCE va déclencher, par l’intermédiaire des récepteurs thermique du corps, une succession de réactions amenant la synthèse d’hormones du bien être comme les endorphines. Le froid provoque d’autre part un effet analgésique (diminution des douleurs) en ralentissant la conduction nerveuse, mais aussi en abaissant considérablement la température tissulaire.
Une séance permet donc:
- d’éliminer la sensation de fatigue
- d'aider à assouplir les muscles tendus en intensifiant le passage sanguin. 
- de diminuer des œdèmes grâce à une augmentation, dans le corps du sujet, d’hormones à effet anti-inflammatoire et cicatrisant.
Le déroulement d'une séance
Pendant la séance, le sportif, torse nu et en short ou maillot, doit dans un premier temps se protéger les extrémités du corps avec des gants et des chaussons, mais également se couvrir la bouche avec un masque, afin que l'air puisse se réchauffer avant de pénétrer dans les poumons. Il passe ensuite entre 2 et 4 minutes dans une chambre à -110°C, après avoir traversé successivement, deux salles à -10°C puis - 60°C. Dans la pièce il reste en contact visuel et sonore avec un opérateur. Le patient détermine lui-même l’arrêt de la séance.

L'honnêteté intellectuelle nous oblige à faire part d'un article récent de Jean Luc Nothias: Récupération après l'effort : les bains froids inutiles (que nous reproduisons in extenso):
"L'immersion dans l'eau froide fait partie de la panoplie de technique de récupération pour les sportifs de haut niveau. 
Quelle est la meilleure façon de récupérer rapidement d'un effort physique intense quand il va falloir enchaîner les exercices? Un groupe de chercheurs australiens et néo-zélandais, avec deux Norvégiens et un Japonais, a exploré au plus près cette question (travaux publiés dans The Journal of Physiology).
Un exercice physique marqué conduit à un début de phénomène inflammatoire dans les tissus musculaires et l'apparition de protéines de stress (heat shock proteins). En plus de ces molécules, il y a production de molécules spécifiques, des cytokines et des neurotrophines. Les scientifiques ont donc décidé de mesurer les concentrations de ces produits chez des athlètes hommes, deux, vingt-quatre et quarante-huit heures après l'effort et les exercices de récupération effectués. Ces derniers ont consisté en des immersions dans des bains froids ou des séances «classiques» de pédalage.
Critères biologiques
De nombreuses façons d'utiliser le froid pour aider à la récupération existent: massage à la glace, injection d'eau saline froide ou immersion dans de l'eau froide (de 9 °C à 12 °C), avec ou sans alternance avec de l'eau chaude. L'une des toutes dernières techniques en vogue, prisée à l'Insep, de passage à - 110 °C (cryothérapie corps entier) n'a pas ici été étudiée. Des études précédentes menées à Melbourne avaient comparé des récupérations en restant immobile, en passant quatorze minutes corps entier dans de l'eau à 12 °C, ou en alternant eau chaude (38 °C) et eau froide, huit fois une minute pour chaque phase. Résultat, l'immersion corps entier était la plus efficace! Mais les critères de jugement étaient une appréciation des personnes testées elles-mêmes et un test d'effort.
Biopsies musculaires
Les chercheurs, qui reconnaissent eux-mêmes avoir été partisans des immersions en eau froide, ont voulu en avoir le cœur net avec des critères moins subjectifs. D'où la comparaison entre récupération classique sur un vélo et immersion, avec des mesures portant sur des critères biologiques. Les neuf volontaires des expériences ont ainsi courageusement accepté de subir de petites biopsies musculaires sur leurs jambes tout au long de l'expérience. L'exercice lui-même consistait en une séance d'environ quarante-cinq minutes alternant, sur appareil, poussées, flexions, etc. des jambes.
Conclusion des chercheurs: 
«L'immersion en eau froide n'est pas plus efficace qu'une récupération active classique pour minimiser les réponses inflammatoires et de stress après une séance sportive de résistance.» Pourtant, concluent-ils, à condition de ne pas en abuser, l'immersion en eau froide peut avoir de réels bénéfices… psychologiques".
Précision rapportée par PJ Vazel, un coach d'Athlétisme de premier plan, à propos du protocole Rice ou Grec: 
"En Suède, depuis plusieurs année ils n'utilisent plus le glaçage, mais uniquement la compression manuelle aiguë puis bandage avec le reste de la bande en boule sur la lésion."
Mais si l'honnêteté intellectuelle m'oblige à prendre en compte cette publication basée sur des preuves (biopsies musculaires) irréfutables, je ne puis pour l'instant y adhérer, dans  la mesure ou dans cette expérimentation,  il n'y a pas eu de comparaison avec la cryothérapie corps entier par le froid intense telle qu'elle est pratiquée à l'INSEP.

Les DOMS «Delayed onset muscle soreness», la cryothérapie corps entier

Les DOMS «Delayed onset muscle soreness» (courbatures musculaires)
Les Doms sont des douleurs qui apparaissent progressivement 12 à 48 heures après l’exercice et que l’on appelle communément des courbatures. D’apparition retardée, elles sont la conséquence d’un travail musculaire excentrique.
Généralités
Lors du travail sur un mode excentrique (freinateur), l’activation du muscle entraîne une résistance à son propre étirement. Par exemple, à la réception d’un saut, le quadriceps se contracte sur un mode excentrique pour freiner la flexion du genou et résister à l’écrasement au sol.
Le mode d’action excentrique présente des caractéristiques biomécaniques et métaboliques différentes de celles que l’on retrouve dans les muscles fonctionnant sur des modes concentriques ou statiques. Lors d’une contraction excentrique, donc frénatrice, le muscle activé résiste à une force externe supérieure à la force développée par les unités motrices engagées. Lorsque toutes les unités motrices sont recrutées, la force maximale ainsi développée est très supérieure à celle obtenue lors de contractions maximales isométriques ou concentriques réalisées à la même vitesse angulaire . Cela est lié en partie au gain de force associée par la résistance à l’étirement des composantes élastiques. De plus, le coût énergétique est plus faible qu’en concentrique .
Bien qu’il existe des avantages biomécaniques, bioénergétiques et thérapeutiques évidents du travail en mode excentrique (Cheung et al. ), il faut souligner que, pratiqué de façon intense ou inhabituelle, il peut conduire à des microlésions musculaires et à des altérations structurelles et fonctionnelles. Celles-ci peuvent évoluer sur une durée de plusieurs jours à plusieurs semaines. La résorption de ces microlésions musculaires s’accompagnent d’un processus inflammatoire qui entraîne en général des douleurs diffuses et retardées que l’on appelle habituellement des «courbatures» et qui sont en réalité des DOMS .
Interrogatoire 
Les douleurs débutent de 12 à 48 heures après une activité sportive comprenant un travail excentrique important ou inhabituel. Elles peuvent survenir par exemple lors de la reprise d’une activité sportive et peuvent évoluer sur plusieurs jours. La réalisation d’un effort inhabituel est donc un facteur déclenchant, même pour un sujet sportif. Elles vont s’atténuer avec l’apprentissage de cet entraînement ou de cette activité sportive. A l’interrogatoire on ne retrouve pas en général de notion de douleur brutale au cours de l’effort qui pourrait orienter vers une lésion de type élongation ou claquage. 
Examen clinique 
Les douleurs siègent préférentiellement sur les quadriceps, mais aussi sur les ischio-jambiers et les triceps suraux et prédominent au niveau des jonctions myo-tendineuses. Elles peuvent survenir également au niveau des membres supérieurs en cas de travail spécifique de ces derniers. 
A l’examen clinique la palpation du muscle est douloureuse d’une façon diffuse avec parfois des points douloureux plus précis. On peut constater un déficit de force et une réduction des amplitudes articulaires car la mise en étirement du muscle ainsi que les tests isométriques sont douloureux, mais également de façon globale, sans point douloureux précis. 
Examens complémentaires 
Les examens complémentaires, en dehors de la biologie dans de rares cas, ne sont pas utilisés habituellement. 
Sur le plan biologique, on retrouve de façon retardée une élévation sanguine des enzymes musculaires tels que la créatine kinase (CK) ou la lacto-déshydrogénase (LDH) et des métabolites de la dégradation conjonctive (en particulier, hydroxy-proline et hydroxy-lysine). 
L’échographie ou l’IRM ne sont intéressants que dans la recherche des diagnostics différentiels, par exemple une lésion traumatique intrinsèque dont l'anamnèse est pourtant complètement différente. Ils ne mettent en évidence, pour les DOMS, que l’aspect œdématié du muscle. 
L’IRM a permis d’objectiver que la durée des modifications intramusculaires persiste après les manifestations cliniques (augmentation de signal entre le troisième et le sixième jour et augmentation de volume jusqu’à trois semaines). C’est un élément très important car il confirme le fait qu’il existe un décalage dans le temps entre la disparition des DOMS et le retour à l’intégrité fonctionnelle du muscle. 
Physiopathologie 
Douleur post-effort et acide lactique 
L’acide lactique peut expliquer en partie les douleurs au décours d’un effort intense, mais pas celles qui apparaissent plusieurs heures après car les taux d’acide lactique se normalisent en une heure environ après l’effort. Par ailleurs, la production d’acide lactique est plus importante en concentrique qu’en excentrique, alors que les DOMS apparaissent spécifiquement après un travail excentrique. L’élimination de l’acide lactique (après 20 minutes de récupération active et aux alentours de deux heures en passif) se termine en effet bien avant l’apparition des DOMS qui surviennent de 12 à 48 heures après l’exercice. 
L’acide lactique peut donc être responsable de douleurs qui apparaissent immédiatement à la fin de l’effort, mais ne peut pas entraîner de douleurs dans les jours qui suivent cet effort. 
Micro-lésions des tissus conjonctif et musculaire 
L’analyse de muscles ayant été soumis à un travail excentrique intense a mis en évidence au niveau ultra-structural des micro-lésions prolongées mais réversibles d’un petit nombre de myocytes. La principale cause des DOMS semble donc être l’inflammation. A la suite de la phase dite initiale de lésion, Armstrong différencie trois phases, «autogénique», «phagocytaire» et «de régénération», dans le processus inflammatoire qui suit un travail excentrique, et ce sont donc les douleurs qui accompagnent l’inflammation que l’on appelle les DOMS . 
La récupération fonctionnelle à la suite d’un exercice intense comportant des phases de travail excentrique s’effectue de façon biphasique, avec de nettes diminutions immédiates de la proprioception et de la force musculaire suivies d’une récupération partielle ou totale dans les heures qui suivent l’exercice avant de nouvelles baisses qui persistent sur plusieurs jours. Durant la seconde phase de la récupération, on peut mettre en évidence une diminution des possibilités d’étirement du muscle, une baisse de la force et une altération des qualités proprioceptives. Ces déficits persistent en général pendant 5 à 8 jours, c’est-à-dire nettement plus longtemps que les douleurs, et cette période est donc propice aux blessures. 
Traitement 
Actuellement, même si de nombreux traitements sont utilisés (cryothérapie, étirements, anti-inflammatoires, ultrasons et techniques de physiothérapie, homéopathie, massages, compression et oxygénothérapie hyperbare), aucun n’a fait la preuve de son efficacité . 
Prévention  
S’il est établi qu’un exercice excentrique important peut conduire à des DOMS, le muscle s’adapte ensuite rapidement à ce premier exercice. Dès le deuxième exercice excentrique il y a nette atténuation de la symptomatologie avec moins de douleurs, de baisse de force et de réduction des amplitudes articulaires. C’est l’effet de répétition (repeated bout effect) . 
Si ces effets du travail musculaire excentrique sont douloureux, ils ne présentent aucun caractère de gravité et ne doivent pas remettre en cause l’intérêt du travail excentrique dans le renforcement musculaire ou le traitement des tendinopathies. Par ailleurs, le fait d’entraîner le muscle à ce type de sollicitation a pour effet de diminuer voire de faire disparaître l’apparition de ces DOMS.
Conclusion
Les douleurs musculaires du sportif se présente sous deux formes :
- soit il existe un début brutal qui en général signe une lésion musculaire intrinsèque (accident musculaire de gravité variable) dont le traitement repose sur de la rééducation.
soit elles surviennent 12h à 48H après l’effort, et ce sont des DOMS.
 La Cryothérapie Corps Entier 
"Elle consiste à provoquer un choc thermique à l’intérieur d’une chambre froide en soumettant le corps à une température de - 110°C (jusqu’à - 160° dans certains cas). L’exposition dure en moyenne trois minutes, après être passé dans des sas à -10°C puis - 60°C. Largement utilisée Outre-Rhin et dans les pays de l'Est depuis plusieurs années, cette technique tend de plus en plus à se développer au sein du milieu sportif français Depuis début janvier 2009, le département médical de l'Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance (INSEP) s'est doté d'une chambre de Cryothérapie Corps Entier. Dans un premier temps réservé aux sportifs de l'INSEP, le traitement est depuis 2010 accessible aux personnes extérieures. « Le résultat est assez impressionnant. Les sportifs récupèrent beaucoup plus rapidement comparativement à une immersion dans l'eau », soulignait Jean-Robert Filliard, adjoint au chef du département médical de l'Institut."

cryothérapie

Des effets multiples 

La modification du flux sanguin (vasoconstriction puis vasodilatation) suite au choc thermique accélère le processus de drainage des tissus et permet une meilleure élimination des toxines. La CCE va déclencher, par l’intermédiaire des récepteurs thermique du corps, une succession de réactions amenant la synthèse d’hormones du bien être comme les endorphines. Le froid provoque d’autre part un effet analgésique (diminution des douleurs) en ralentissant la conduction nerveuse, mais aussi en abaissant considérablement la température tissulaire. Une séance permet donc:
- d’éliminer la sensation de fatigue
- d'aider à assouplir les muscles tendus en intensifiant le passage sanguin. 
- de diminuer des œdèmes grâce à une augmentation, dans le corps du sujet, d’hormones à effet anti-inflammatoire et cicatrisant.
Le déroulement d'une séance
Pendant la séance, le sportif, torse nu et en short ou maillot, doit dans un premier temps se protéger les extrémités du corps avec des gants et des chaussons, mais également se couvrir la bouche avec un masque, afin que l'air puisse se réchauffer avant de pénétrer dans les poumons. Il passe ensuite entre 2 et 4 minutes dans une chambre à -110°C, après avoir traversé successivement, deux salles à -10°C puis - 60°C. Dans la pièce il reste en contact visuel et sonore avec un opérateur. Le patient détermine lui-même l’arrêt de la séance.